ILLUSTRATEURS À RENNES. PABLO EST UNE FILLE, PAULINE BLOQUEL

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25 septembre 2019

Rennes regorge d’illustrateurs et illustratrices aux univers multiples. Unidivers vous présente une série de portraits avec, aujourd’hui, Pauline Bloquel. Sous les acronymes de PaBlo se cache une diplômée d’un BTS design d’espace et de l’Ensab – École Nationale Supérieure d’Architecture de Bretagne (Rennes). En freelance depuis 2018, ses illustrations célèbrent les animaux et le paysage urbain rennais. Entretien.

illustrateurs rennes — Pauline Bloquel, l’illustratrice derrière Pablo est une fille.

Unidivers – Comment êtes-vous tombée dans l’univers de l’illustration ?

Pauline Bloquel – Le dessin est un domaine qui m’a toujours attiré. Pendant mes études, je préférais travailler à la main plutôt que d’utiliser l’outil 3D. Le rendu de mes projets était toujours très dessiné. J’ai travaillé trois ans en agences d’architecture, mais je continuais le dessin, au début pendant mes loisirs. Puis progressivement, j’en suis venue à l’illustration. Contrairement à ce que je pensais, je me suis rendue compte que c’était ce que je voulais faire de mes journées.

Malgré la part créative, l’architecture engendre beaucoup de problématiques, relatives aux nombreuses normes et contraintes techniques. J’ai voulu revenir à un métier plus manuel où il était possible de m’exprimer. Je voulais me laisser aller dans un domaine plus libre et laisser parler mon imagination et mon stylo.

Unidivers – Les nombreux détails servent au réalisme de vos dessins. Ce style vient-il de votre formation ?

Pauline Bloquel – C’est peut-être une petite déformation professionnelle en effet (rires). L’architecture et le paysage urbain sont très présents dans mon travail. J’aime bien la vision réaliste qui peut se dégager de mes dessins et en même temps il y a une certaine naïveté dans les personnages, peut-être des petits défauts de perspectives, mais propres à ma vision de la ville.

J’apporte beaucoup d’importance aux détails. Selon moi, une ville ne se résume pas à ses beaux immeubles, ses rues et ses habitants. C’est aussi ses poubelles, ses lampadaires, ses travaux… tous ces détails font partie intégrante du paysage urbain et donnent une vision réaliste. C’est la raison pour laquelle mes dessins touchent essentiellement les riverains. Ils se reconnaissent dans cette vision de leur ville et dans cette réalité.

Unidivers – Vous travaillez essentiellement au stylo et en pointillés, ce qui rajoute de la finesse à votre travail.

Pauline Bloquel – Initialement j’ai développé cette technique afin de travailler l’ombre et la lumière. En la développant, j’ai vu qu’elle me permettait aussi de traiter les détails. Le fait que cette technique soit lente est presque un atout selon moi : loin de l’agitation du monde, je prends le temps !

Je considère mes illustrations comme un manifeste de la patience. J’aime voir la réaction des gens prenant conscience des heures et de la patience qu’il a fallu. Ils prennent le temps d’analyser, de regarder, de scruter les détails, etc.

Unidivers – Comment se déroule votre processus créatif ? En moyenne, combien de temps passez-vous sur une illustration ?

Pauline Bloquel – Plus ou moins trois semaines. Avant j’utilisais un format raisin (50 x 65 cm), mais maintenant je suis passée sur du A2 (42 x 59,4 cm).

L’architecture de Rennes est très riche. L’historique rencontre le contemporain, comme les bas des Lices et la tour des horizons, j’aime ce contraste d’architecture dans un même espace. Je me promène dans la ville et photographie les lieux que j’aime bien. Je préfère un point de vue qui m’est propre et ainsi propre aux Rennais. Après avoir brièvement fait une esquisse qui matérialise les volumes, je remplis de points. Ça m’arrive de mettre moins de temps, peut-être avec la pratique.

Pour les animaux, je récupère des photographies sur internet, mais je ne prends jamais l’image en tant que telle. J’essaie toujours de lui donner une petite tête sympathique, comme la girafe par exemple. La réalisation prend moins de temps, une semaine.

Unidivers – En passant d’une formation d’architecte au métier d’illustratrice, comment a évolué ta pensée créative ?

Pauline Bloquel – Ma façon de voir est une continuité de ce que l’on m’a appris à l’Ensab – École Nationale Supérieure d’Architecture de Bretagne (Rennes). Je ne sais pas si cela se voit dans mes dessins, mais je vise une création plus artistique. À l’école, du moins aujourd’hui, on est orienté vers les outils 3D pour une perspective très rigide. Je pense avoir évolué sur ce point-là, mon trait est beaucoup plus libéré.

Unidivers – Vous souvenez-vous du premier projet que vous avez mis en vente en tant qu’illustratrice ?

Pauline Bloquel – C’était à Made in Frogs. J’ai commencé par sérigraphier mes dessins en me disant qu’ils pouvaient peut être toucher des personnes. Marion et Guillaume (Made in Frogs) sont les premières personnes que j’ai contactées. Au départ, je voulais juste avoir leur avis et pas forcément mettre en vente mes illustrations, mais la personne a pris une de mes illustrations, celle qui représente les Horizons, et l’a mise en vitrine directement. J’avais déjà mon statut d’illustratrice, mais je travaillais encore dans une agence d’architecture. C’était vraiment le début.

Depuis que je suis à mon compte, je propose des produits fabriqués de façon éthique. Tout ce que je propose à la vente est conçu localement par de petits ateliers bretons. Les sérigraphies sont réalisées par l’atelier rennais La Presse Purée. Toutes les sérigraphies sont éditées en quantité limitée sur du papier de qualité et sont ensuite tamponnées et numérotées. Les cartes postales sont, quant à elles, imprimées à Plougastel dans l’imprimerie Cloitre, et mes cadres sont réalisés sur mesure à Rennes par l’atelier La Fabrique.

Unidivers – Avez-vous des artistes ou illustrateurs qui vous inspirent ?

Pauline Bloquel – Je n’ai pas vraiment d’inspirations au niveau technique. Le pointillisme est une technique picturale à la base et on peut aussi l’assimiler à une technique en tatouage, le dotwork – l’art du point.

Par contre, une artiste m’inspire en particulier, Émilie Ettori, une ancienne architecte devenue illustratrice. Avant de me lancer dans l’auto-entrepreneuriat, je suis allée à Lyon et j’ai découvert ses illustrations. Elle réalise des dessins de villes en axonométrie – en vues aériennes. Son parcours m’a beaucoup appris. En voyant son travail, je me suis rendue compte que se lancer dans l’illustration était possible… ça m’a donné le courage de le faire !

Unidivers – Beaucoup d’illustrateurs pensent à exposer leur travail. Est-ce votre cas ?

Pauline Bloquel – J’ai justement deux expositions prévues pour le moment. La première aura lieu en mars 2020 à l’hôtel Le Magic Hall, et la seconde, à Le Reuz, un espace de coworking à Vannes, de mars à mai 2020.

Unidivers – Outre ces deux expositions, de nouveaux projets à l’horizon ?

Pauline Bloquel – Actuellement je dessine Nantes et je souhaite ensuite m’orienter vers Brest. Par la suite pourquoi pas voir si mes illustrations peuvent conquérir Paris…

J’aimerais bien proposer des partenariats à des agences d’architectes afin de dessiner les bâtiments qu’ils ont réalisés. Certains aimeraient peut-être les voir illustrer et ma vision peut les intéresser… Illustrer d’autres corps de métiers m’intéresse également.

J’ai également envie de proposer mes illustrations sur des nouveaux supports comme des calendriers ou tote bag. Et aussi, mais c’est encore assez flou pour le moment, j’aimerais beaucoup organiser un événement à Rennes autour de l’illustration, une sorte de salon ou festival afin de promouvoir les illustrateurs bretons… à voir !

Unidivers – Je vous remercie Pauline Bloquel.